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Musée de l'Impression sur Etoffes
En 1833, les industriels mulhousiens rassemblés au sein de la Société Industrielle de Mulhouse décident de conserver leurs créations. Mieux ils s’efforcent de compléter ces archives en collectionnant les productions d’autres pays et d’autres temps. L’ensemble devenu vite important, se constitue de textiles du monde entier, centré sur l’impression alsacienne.
Il y a 4 collections :
LES INDIENNES
Aux origines de l’impression textile européenne
L’histoire de l’impression textile commence en Inde. Depuis des temps fort reculés (peut-être 2000 ans avant notre ère), des artisans indiens se transmettent de générations en générations les secrets de l’art de décorer les toiles de coton. Longs, complexes et empiriques, les processus de fabrication de ces indiennes reposent sur l’utilisation de mordants, sels métalliques qui, appliqués sur la toile ont la propriété de fixer les colorants de teinture. Cette maîtrise des procédés chimiques donne naissance à une palette de couleurs riches et brillantes, où dominent les rouges de garance et les bleus de l’indigo. Les Portugais, les premiers, ramènent en Europe ces cotonnades peintes et imprimées en Inde.
Les indiennes sont les premiers imprimés, amenés en Europe à la fin du XVIe siècle. Elles séduisent vite une époque habituée aux lourdes soieries, aux lainages et aux toiles de lin. Les robes d’indiennes plaisent par leur fraîcheur et les tentures illuminent les intérieures. Ici le visiteur découvre le secret de ces imprimés avec des motifs riches aux teintes brillantes qui repose sur le principe du mordant, sel métallique qui fixe le colorant sur la fibre.
L’intensification des relations commerciales entre l’Orient et l’Occident au cours du XVIIe siècle assure le triomphe de ces étoffes légères, très résistantes à la lumière et aux lavages, aux décors vifs et variés, capables aussi de satisfaire le goût des Européens pour l’exotisme. Dans une société habituée aux lourdes étoffes de soie et de laine ou aux toiles de lin unies, le succès est fulgurant. Les Compagnies des Indes n’ont aucun mal à écouler des frets de plus en plus considérables.
Décors et marchés
L’iconographie des indiennes résulte en partie d’une stratégie commerciale. Dans leur riche grammaire décorative, les artisans indiens utilisent, souvent en réponse à des commandes précises, les éléments qui répondent le mieux à la demande de leurs clients. Sur place, les représentants des Compagnies des Indes donnent des directives précises pour la réalisation de décors adaptés au marché européen. Fleurs stylisées figurées sans profondeur, en deux dimensions, tiges ondulantes, géométrie de végétaux au naturel ou imaginaires créent une botanique ornementale où priment l’élégance du graphisme et l’équilibre des couleurs vives. Des gravures européennes circulent et servent de modèles; des figures héraldiques sont placés sur des tentures indiennes : l’échange de sensibilités assure le succès économique.
LES ETOFFES DU 18ème
Des débuts contrariés : la prohibition 1686-1759
L’ampleur de la vogue des cotonnades indiennes crée un marché prometteur que les Compagnie des Indes ne parviennent plus à satisfaire. La tentation est grande de contrefaire en Europe les cotonnades aux riches décors. Dans les années 1640, des marchands arméniens introduisent à Marseille les techniques indiennes : c’est le point de départ de l’impression européenne. Bientôt, l’Angleterre (v.1670) et les Pays-Bas (1678) installent leurs premières manufactures. En France, l’essor est vite brisé. Le succès des premiers indienneurs les met en concurrence trop directe avec les lainiers et les soyeux qui protestent vigoureusement. Pour protéger ces activités bien implantées et fortement exportatrices, le pouvoir royal ordonne en 1686 l’interdiction d’importation, fabrication et usage des toiles imprimées ou peintes.
Malgré les sanctions-amendes, emprisonnement, bannissement, la mode des indiennes ne cesse de croître. Face à une telle résistance, les mesures s’assouplissent peu à peu. En 1759, l’indiennage redevient libre dans le royaume de France. De multiples foyers surgissent alors un peu partout, entre cinq pôles majeurs de production : Nantes, Paris, Marseille, Lyon, Rouen. Mulhouse, cité indépendante jusqu’en 1798, pratique l’indiennage depuis 1746. L’Europe toute entière s’est alors lancée dans l’aventure. La Suisse, l’Angleterre, les Pays-Bas sont les foyers majeurs d’un marché en pleine expansion.
Au XVIIIe siècle, le dessinateur est le personnage clé de l’impression textile. Les manufacturiers font appel à des artistes, peintres de fleur surtout, choisis pour leur talent à créer des harmonies décoratives, qui adaptent leur art aux exigences industrielles. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, le nombre de genre reste assez restreint : motifs copiés d’indiennes d’Orient, fleurettes, motifs géométriques et scènes à personnages dominent.
Seules les toiles à personnages, dont les toiles de Jouy sont les plus célèbres représentantes, ont une destination exclusive de tissu d’ameublement. Le plus souvent monochromes, ces cotonnades, chefs-d’oeuvre de composition, présentent des scènes allégoriques, historiques, littéraires ou familières, qu’un traitement en perspective, des modelés d’ombre et de lumières, placent dans un espace à trois dimensions. Le secret de leur finesse d’exécution réside dans leur technique d’impression : la plaque de cuivre.
LES ETOFFES DU 19ème
La Machine et le rouleau
En moins d’une génération, de 1815 à 1835, l’impression sur étoffes, à l’image de l’ensemble de l’industrie textile, se modifie radicalement. Production, diffusion, division du travail s’organisent autour d’un nouvel acteur : la machine. Ingénieurs et capitaux sont désormais les clés de la réussite. La recherche de nouvelles technologies, l’accroissement des investissements, le recours à de puissantes sources d’énergie entraînent progressivement l’indiennage dans l’ère des révolutions industrielles.
L’avènement de la chimie textile
Au cours du XIXe siècle, la chimie des colorants révolutionne l’impression textile tout aussi radicalement que l’avènement de la machine. Produits et processus, mieux compris, s’améliorent et se diversifient. La chimie devient une science et ses applications se multiplient à partir des années 1860. La mise au point des premiers colorants de synthèse donne le départ d’une prodigieuse période de recherches et d’innovations qui se prolonge jusqu’au XXe siècle et consacre le rôle primordial de la chimie dans l’industrie de l’impression. En 1856, le chimiste anglais Perkin découvre le premier colorant de synthèse : la mauvéine; en 1902, près de 700 colorants synthétiques sont déjà disponibles.
Cachemires imprimés au XIXe siècle
Région du Nord de l’Inde, toison d’hiver d’une chèvre des montagnes, étoffes tissées avec cette fibre textile d’une douceur incomparable, tant en Inde qu’en Europe, le cachemire désigne également un décor particulier. Cette iconographie, issue des créations des tisseurs indiens, organise des éléments formels peu nombreux et constants autour d’un motif de palme particulier. Dès le début du XIXe siècle, l’Alsace et l’Angleterre impriment des motifs cachemires, essentiellement des carrés de coton. Le genre cachemire prend bientôt de l’ampleur, et la maîtrise de l’impression sur laine donne naissance à des formes qui s’allongent et s’enchevêtrent en de riches sinuosités. Les robes à leur tour accueillent les chaudes couleurs des palmettes ondulantes; la fin du siècle enfin, ouvre au cachemire les décors d’ameublement.
L’importance quantitative et qualitative des productions de cachemire offre un exemple somptueux qui montre comment l’impression textile s’approprie un ensemble de formes issues des techniques du tissage. Donner l’aspect de la plus grande richesse à une bourgeoisie moins fortunée ou moins dépensière est une clé de la réussite. L’impression, c’est aussi le luxe au prix de la contrefaçon, le privilège à la portée de l’épargne
LES ETOFFES DU 20ème
L’impression aujourd’hui…Un bouleversement technologique : le cadre
Dans les années 1930 apparaît une nouvelle technique d’impression textile, le cadre plat, dit aussi à la lyonnaise. Une fine gaze, plus tard une toile en polyamide ou polyester, tendue sur un cadre, est recouverte d’un vernis aux endroits où la couleur ne doit pas atteindre le tissu. Une racle balaie la couleur sur la surface du cadre, la contraignant à traverser les micro-perforations laissées libres. Le procédé, manuel, est automatisé dans les années 1950.
En 1962 est mis au point le cadre rotatif. Le principe du cadre plat est adapté à un cylindre de nickel micro-perforé, alimenté en couleurs et raclé de l’intérieur. Le succès est immédiat. En une quinzaine d’années, le cadre rotatif devient la technique dominante de l’impression textile, entraînant pour la deuxième fois un complet bouleversement des savoir-faire et des structures.
Recherches et innovations
Au XXe siècle, la chimie textile poursuit le courant d’innovations du siècle précédent. Facilité d’emploi, amplitude de la gamme et solidité des couleurs ne cessent de s’améliorer. Marginale, mais rendue célèbre par l’impression des tee-shirts, la thermo-impression transfère les colorants à haute température. Apparue dans les années 1980, elle est surtout utilisée pour l’impression des supports synthétiques. La recherche met aujourd’hui en avant la technologie du jet d’encre, grande imprimante pilotée directement par ordinateur.
Motifs du XXe siècle, entre créations et traditions
L’histoire de l’impression textile est faite d’incessants retours où les dessinateurs cherchent l’inspiration dans les archives des siècles passés. Les végétaux peints sur les toiles d’Inde qui fascinèrent la société d’Ancien Régime n’ont pas fini d’être interprétés. Le XXe siècle ne déroge pas à ce besoin de recourir aux motifs anciens : reprises et traditions alimentent les collections. Une fonction nouvelle prend vite de l’ampleur, celle du styliste qui élabore les tendances, adaptant les formes aux exigences du marché. Ses choix, ses conseils déterminent la cohérence des styles industriels, entre tradition et création.
PLUS D'INFORMATIONS
Musée de l'impression sur Etoffes
14 rue Jean-Jacques Henner
68100 MULHOUSE
03 89 46 83 00
Site : http://musee-impression.com